We are made of our longest days

Forcément, forcément c’est étrange. C’est bizarre. Il y a une envie folle de reprendre le fil, suffisamment pressante pour qu’elle en tortille des genoux sur la pointe des pieds. Et puis il y a la trouille, la trouille immense, la trouille de ne plus savoir, de n’avoir de toute façon sans doute jamais su.

Pensez donc, six mois sans voir le jour, forçat de l’amour la plume, ça a de quoi vous rendre un peu timide. Et puis, ces derniers mois, il y a eu tant de bouleversifiments (oui, rien que ça) qu’on ne saurait trop par où commencer…

M’enfin, ça, c’était ces derniers temps. Des derniers temps à cogiter beaucoup en creux et à clavioter dans le vide avec un air absent de circonstance.

C’était ces derniers temps. Jusqu’à samedi matin. Samedi matin où tout d’un coup, tout est devenu très dérisoire. Il a suffi d’un coup d’œil pas très réveillé aux infos. Il a suffi d’un week-end passé pelotonnés, à se serrer fort en pensant à ceux qu’on aime, à ceux qu’ils aiment et à tous ceux qui aiment. A se dire que, hey, on est bien peu de choses (l’amour du cliché, toujours).

A se sentir absurdement fiers de voir le Parlement, l’Opéra, les ponts et le National Carillon s’illuminer en bleu, en blanc et en rouge aussi. A être si loin et à ne pas savoir quoi faire. Si ce n’est rester le nez collé à son écran. Parce que, sait-on jamais, en restant ainsi collés, ça allait peut-être s’évaporer, toute cette tristesse, toute cette détresse, toute cette angoisse pour ce-qui-vient ? Ça allait peut-être n’être pas vrai. Allez, viens, on a fait un cauchemar. Regarde, il fait beau dehors. C’était un vilain rêve.

Mais rien ne s’est évaporé. Et puis tout est devenu bien dérisoire.

Après tout, qu’est-ce qu’on s’en fout du pourquoi ou du comment écrire « Désolés, on a beaucoup pensé à vous, on vous a manqué ? Parce que vous, vous nous manquez rudement ».

Après tout, l’important, il n’est pas là, non ? L’important, il est, qui sait ? peut-être dans tous ces petits riens du tout qui se partagent. Dans les aventures de la famille magpie qui arpente le jardin bec téméraire et plumes en bataille. Dans une semaine de camping sauvage dont on est revenus ravis et fumés façon Morteau, la faute au feu-de-camp-pour-combattre-le-froid-quand-on-a-que-du-bois-humide et à pas de douches. Dans un tour en Tasmanie, les chaussures pleines de sable et l’air béat. Peut-être même dans des mésaventures laborantesques dont on n’arrive pas encore tout à fait à rire mais qui sont finalement si rien du tout. Dans tous ces petits détails qui font tout et qu’on oublie trop souvent.

Alors voilà, on ne va pas faire de grandes promesses, on va juste essayer d’écouter l’envie de réécrire qui tournicote du genou depuis trop longtemps. Parce que les petits riens du tout de tendresse, de douceur et de rire, ça peut faire beaucoup de bien quand le monde est sens dessus dessous. Parce qu’entretenir la joie des petits riens, c’est parfois tout. Surtout depuis si loin.

La photo? Un petit bout de liberté posé sur Alcatraz en janvier par Ai Weiwei. C’est fragile et puissant à la fois. Comme la joie, l’insouciance et l’amour. Comme le rire, le courage et l’espoir dont on a tous tant besoin ces jours-ci.

7 thoughts on “We are made of our longest days

  1. sophiefromthetrain

    Oh Oui vous avez manqué ! Oh combien ! Parce que vos tous petits rien postés ici sont souvent de grands beaucoup. Take good care <3

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  2. La gamine

    Un nouvel article c’est un de ces petits riens qui font plaisir ! ;D
    Beaucoup de changements ici aussi, et un message tout bientôt, c’est promis !
    Des bisous

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    • lagrandeblonde Post author

      Des bisous aussi! Je vais avoir un peu de temps a Noel donc du courrier bientot, promis!
      Et encore des bisous juste parce que <3

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