La marche du siècle
(Millennium Cave, Espiritu Santo, Vanuatu)
(source)
A peine débarqués à Luganville et nos bagages posés chez Marie et Lois, nos super-héros à nous qu’on a eu (oui, nos super-héros, rien de moins) (c’est que le séjour à Santo a été quelque peu mouvementé) (et puis, hey ! s’appeler Lois, ça prédestine à la carrière de super-héros) (comment ça, non ?), à peine débarqués, donc, on a commencé à discuter planning, découvertes et incontournables. Et il n’a guère fallu de temps à Lois pour nous convaincre que Millenium Cave ne pouvait se rater sous aucun prétexte, pour un peu qu’on soit en bonne forme physique.
Las, mille, dix mille fois hélas (au moins)… Albert vous le dirait très bien, tout est relatif. Et la forme physique ne fait pas exception à la règle. C’est-à-dire que si LeGB est définitivement en bonne condition physique, LaGB, elle, est effectivement en forme si elle se compare à une momie 1- desséchée, 2- anémique, 3- tétraplégique et 4- emberlificotée dans ses bandelettes. Voilà, dans ce cas particulier, LaGB tiendrait même une forme olympique. En revanche, si elle se compare à un humain lambda ni embaumé ni emmailloté façon rôti, force est de constater que l’expression « bonne forme physique » tient, au mieux, du pieux mensonge. Rajoutez une tendance (un –doux- euphémisme se cache dans le mot précédent) au vertige et vous comprendrez qu’une journée de canyoning et de nage en eaux vives était une follement riche idée. D’autant plus riche comme idée que le climat ce gros beta venait de passer quelques semaines à jouer les arrosoirs en folie. M’enfin, au diable les varices l’avarice, soyons fous, qui vivra verra, que sera sera, tout ça, tout ça…
C’est donc ainsi que le lendemain matin, harnachés de frais et tartinés de près (c’est qu’on ne rigole ni avec le soleil ni avec les moustiques), nous nous sommes retrouvés à bringuebaler sur une piste qui, en partie, [anecdote historique] n’était autre qu’une des pistes d’atterrissage de l’aéroport construit par les Américains pendant la 2nde Guerre Mondiale [/anecdote historique]. Piste grignotée par les nids de poule et la végétation. De quoi faire pousser des petits cris ravis à LaGB qui aurait presque pu en oublier la trouille monstre qu’elle se trimballait chevillée au corps. LeGB, lui, était bien trop occupé à enchainer les sauts périlleux arrière et à danser la samba, impatient qu’il était d’aller jouer dans les rapides…
Une petite heure de cahots plus tard, nous arrivions au premier village, véritable départ de la journée. Une dizaine de cases, peut-être une quinzaine, une école primaire en construction, des arbres immenses, du vert partout, des enfants qui courent, des poules qui picorent et des chiens qui se grattent consciencieusement. Une odeur de feu de bois qui flotte dans l’air. Et des trombes d’eau qui se déversent, comme ça, pour rien, partout. Il y a des rigoles qui se forment sur l’herbe et des petites piscines aussi. Il fait bon, c’est presque la maison.
Sam, notre guide, nous rejoint, claquettes aux pieds et sourire jusqu’aux oreilles. Présentations faites, nous voilà partis ! Vingt minutes de sentier, trois glissades, deux chaussures de perdues (mais pas vingt de retrouvées, dammit !) et un vol plané plus tard, nous arrivons au deuxième village. Sam sourit toujours mais, étonnamment, il semble un brin plus crispé. C’est qu’en général, personne ne considère la première partie du circuit comme autre chose que du gâteau. Alors qu’une LaGB y perde déjà équilibre, chaussure et contenance, ça n’augure rien de bon pour la suite. Mais bon, au diable les varices l’avarice, soyons fous, qui vivra verra, que sera sera, tout ça, tout ça, bis repetita…
Un petit crochet pour récupérer les gilets de sauvetage et les torches et hop ! nous voilà repartis. Et cette fois, on attaque la vraie excursion (est-il besoin de préciser qu’à ce stade, LaGB envisageait déjà sérieusement de mettre à jour son testament ?). Le sentier serpente à travers la forêt qui s’avère follement exubérante, toute de verts, de bruns, de rouges et de jaunes pressés les uns contre les autres en un joyeux fouillis. La pluie tambourine sur les feuilles et rigole sur les troncs. Quelques notous roucoulent tout près, ça sent l’humus, la vraie forêt, celle de quand on était petits et il serait presque tentant de (re)jouer Tarzan sur un banian. Presque. Parce qu’aussi surprenant que ça puisse paraître, les racines aériennes de banian, ce n’est plus aussi solide que c’était il y a vingt cinq ans de ça. Décidément, tout fout l’camp, ma pov’ Lucette !
Sam nous apprend quelles essences utiliser pour faire tomber la fièvre (rétrospectivement, on aurait vraiment dû faire des stocks), quelles plantes ne surtout pas toucher si on ne veut pas se gratter comme des fous, quelles feuilles cueillir, au contraire, pour soigner les démangeaisons/piqûres de moustiques/égratignures. C’est passionnant et LaGB en viendrait presque à se dire que hey ! easy peasy, lemon squeezy, fingers in ze nose, Millenium Cave, ça reste plus que tout à fait gérable. Oui, oui, pour peut-être deux minutes et dix-huit secondes, LaGB s’est retrouvée à presque rouler des mécaniques. Malheur, horreur, purée de chou-fleur, ça n’a vraiment pas duré.
Après une petite heure de marche, la fameuse grotte est en vue. LeGB hulule de bonheur : des échelles, des échelles, des gros cailloux moussus glissants, des rapides, oh ! encore des échelles, youpi ! LaGB, elle, essaie tant bien que mal de ne pas hyperventiler et se souvient brusquement qu’en fait, là, tout de suite, maintenant, elle a poney et qu’elle ferait mieux d’y aller. Las, Sam ne s’en laisse pas conter et, les gilets de sauvetage enfilés, hop ! direction la grotte. Via des échelles donc. Echelles faites de troncs très étroits. Glissants, les troncs. En pente, les échelles. En contrebas, la rivière. Et des cailloux, des tas de cailloux. Gros, très gros et très acérés, les cailloux.
Quelques sueurs froides plus tard, la grotte, enfin ! Enfin, enfin… Il y a comme un petit air de crescendo dans les difficultés et les échelles, c’était un peu du pipi de possum. LeGB continue à hululer : des gros rochers glissants, oh ! des marches à peine taillées dans la roche, hi ! de l’eau jusqu’à la taille, ah ! des remous et de l’écume ! LaGB a les genoux qui jouent les castagnettes, le moral dans les chaussettes et le cœur au bord des lèvres. M’enfin, quand faut y aller, faut y aller ! Alors allons-y (et puis, hors de question de reprendre les échelles, hein !). Premier caillou, première chute. Deuxième caillou, troisième chute. Et ainsi de suite… Sam pleure des larmes de sang. LeGB, lui, gambade allègrement, baye aux chauve-souris et aux hirondelles, se régale et continue à enchaîner les triples sauts périlleux arrière. La vie n’est qu’injustice.
Il y a des chauve-souris, de toutes petites chauve-souris qui pioncent (les veinardes) et des hirondelles qui couvent. Qui piaillent de colère aussi, quand on les éclaire d’un coup de torche malencontreux. Un oisillon tombé du nid qu’on tâche d’aider un peu, tout trempé et étourdi qu’il est. Il y a des grillons tout pâlichons qui galopent sur les parois, des crevettes translucides qui dansent le tango (oui, parfaitement, la crevette translucide a un petit côté latin lover, moustache et gomina comprises). Et des plafonds hauts, si hauts qu’on les devine à peine à la lueur des lampes torches. La rivière bouillonne et fait rouler les galets les plus légers. Il n’y a que nous trois, hors du temps, posés là pour un presque toujours peut-être.
Et puis, tout doucement, les lueurs du jour recommencent à jouer sur les parois, on arrive à deviner les formes des rochers. Bientôt, la grotte est derrière nous, on rejoint une autre rive, un banc de sable accoudé à la forêt, blotti contre une cascade. C’est l’heure du casse-croûte, il faut prendre des forces pour la suite. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer !
On a hâte de connaitre la suite…. Viiiiiteee, viiiteee
Bientot, bientot, c’est en cours (pour l’instant, je suis coincee sur un gros rocher) (autant dire qu’il va falloir que je me sorte de la fissa )
Bon ben bonne ballade, hein, je vais entretenir le feu à la Love Cabin…
Oh comme tu dois (et Ohhhh comme tu peux) être fière de toi !
J’ai hate de lire la suite (vous ne revenez pas par le même chemin, hein dis ?).
J’avoue, j’etais fiere de moi (fort courbatue, aussi). Et non, on n’est pas revenus par le meme chemin. Mais la suite s’annonce… epique (teaser inside!)